dimanche 24 mars 2013


À propos des "Untitled Films Stills"




« Part of it could be that I want to see what I look like as a certain character – even though I know that person isn’t me » Sherman says. « There is also me making fun - making fun of these role models from my childhood. And part of it maybe is to show that these women who are playing these characters…maybe these actresses know what they’re doing, know that they are playing stereotypes…but what cant they do ? »  



Cindy Sherman
citée par Gérald Marzorati, Imitation of Life, Art News, 1983, p. 86.



La note d'intention


La toute première fois que j’ai fait face aux Untitled Films Stills, c’est le caractère énigmatique qui s’en dégage qui m’a interpellée. Puis, j’ai eu l’impression de comprendre le jeu qui s’était emparé de la photographe au moment de la prise de ces clichés. Je trouvais que tout s’y passe exactement comme si Cindy Sherman rêvait d’être une actrice. Je retrouvais cet enchantement qui m’habite lorsque je suis confrontée à interpréter un personnage. Malgré le brouillage que l’artiste opère afin de ne pas divulguer la ou les  sources exactes de ses inspirations, j’avais la quasi-certitude de saisir l’état et la provenance de chacune des photographies. Je chérissais l’idée de retourner à rebours dans cette œuvre, afin d’y déceler des indices et d’extirper le contenu populaire que renferme chacune des photographies. J’avais envie d’opérer cette reconstitution fabulée au moyen des éléments de ma propre culture. Je désirais jouer à retracer les mouvements psychiques et physiques qui ont conduit à l’élaboration de cette œuvre originale et reconnue par la majorité des amateurs d’art contemporain. Finalement, j’ai fait de ce saisissement créateur un spectacle accessible au plus grand nombre. 

Catherine Dumas
Auteure, Performeuse et Metteure en scène

Le Synopsis


« The copy without the original » 
Rosalind Krauss,
Le photographique, pour une théorie des écarts, 1990, p. 215


Still Untitled/Encore sans titre c’est une chambre blanche, des acétates, des chansons, de la lumière. Un jeu où l’appareil photo simulé se confond avec l’absence de l’amoureux. Des jeunes femmes qui jouent avec les images de l’illustre photographe américaine. Elles en décortiquent le contenu, en devinent le hors champ, en donnent une interprétation. La consommation des « stills »  choisis devient le prétexte, voire l’élan nécessaire pour propulser des actes émotifs, parfois créatifs.

C’est selon l’idée d’une appropriation fabulée qu’il faut entrevoir Still Untitled/Encore sans titre, un peu comme si ces jeunes femmes s’étaient dit : « Cindy a pensé à ceci, a entendu cette chanson, a ressenti cet état au moment de la prise de cette photographie ». Le travail de chacune, qu’il soit performatif, sonore ou plastique, permet d’entrevoir l’instant photographique chez Sherman, en tant que moment qui se fabrique et qui suscite la référence populaire.

Qualifiées à juste titre de « copies sans originaux » par l’historienne Rosalind Krauss, les photographies de cette série permettent non seulement d’entrevoir la culture populaire, mais aussi le souvenir qui s’en dégage. C’est de cette culture et des traces – à la fois lointaines et intimes – qu’elle génère, dont parle ce spectacle.